Quand l'Armée Française commença à s'intéresser à la moto en 1915, le seul usage qui fut retenu fut celui avec side-car. L'intérêt des militaires pour les motos solos ne vint que plus tard, au début des années trente. Et encore ne concernait-il que des machines dérivées de modèles civils et destinées aux estafettes. Quelques années passèrent encore avant que l'état-major ne prenne conscience des services que pourrait rendre une moto spécialisée, capable de se déplacer facilement dans de mauvais chemins voire même en tous terrains. Fut alors rédigé un cahier des charges aux exigences techniques exagérées (500 cm3 minimum) et même parfois ridicules. Bien des constructeurs présentèrent alors à l'évaluation de l'Armée des motos qui existaient à leur catalogue, sommairement adaptées à ce nouvel usage : on peut dire qu'elles étaient toutes bien trop lourdes et qu'elles manquaient cruellement de garde au sol, donc d'efficacité en tout terrain. Peugeot n'échappa pas à la règle avec sa 500 P517, présentée à l'homologation au printemps 1936 et agréée... sous réserve de modifications. Fin 1936, moyennant dérogation, Peugeot soumit ensuite à la Commission militaire d'expérimentation la 350 P112, bien plus légère que la P517 : elle ne fut pas agréée mais sa maniabilité en tous terrains fut soulignée.
Les principaux déboires rencontrés par la P517 (mais aussi par toutes les 500 concurrentes) concernaient la surchauffe constatée lors des évolutions à très faible vitesse (exigées par le cahier des charges), l'incapacité à gravir de très fortes rampes à pleine charge (le conducteur et tout son matériel, dont le fusil-mitrailleur et les munitions) et enfin la quasi impossibilité pour un homme seul de relever sa machine chargée après une chute en terrain gras.
Le 4 décembre 1939, Peugeot présenta à l'Armée la P112 TT qui apportait remède à tous les problèmes rencontrés : dotée d'un relais donnant six vitesses dont trois lentes, elle pouvait évoluer au pas et se jouait des pentes les plus raides; de plus, elle le faisait sans chauffer grâce à un refroidissement à air forcé par un ventilateur soufflant dans un carénage en tôle enveloppant cylindre et culasse. Pas très lourde, elle demeurait maniable et son conducteur pouvait la relever même après une chute au milieu d'un bourbier. Dès le 24 janvier 1940, la commission militaire d'évaluation réceptionna la P112 TT sans réserve en dépit de sa cylindrée "non réglementaire". Hélas, cette machine très réussie arriva trop tard : Peugeot n'eut pas le temps de la produire en série avant la débâcle de juin 1940 et l'exemplaire présenté est le seul survivant connu.
When the French Army began to take an interest in motorcycles in 1915, they used only sidecar combinations. Military interest in solos did not come until much later, in the early thirties, when they examined machines derived from civilian models and intended for estafettes (dispatch riders). A few more years passed before the army became aware of the services that could benefit from a specialized motorcycle capapable of coping with off-road situations.
Specifications for such machines were written with sometimes poorly considered and sometimes outlandish requirements.
Many constructors then presented the Army with motorcycles which were currently in their catalogue which had been hastily adapted to fit the specifications, many of which were too heavy and lacked ground clearance.
Peugeot presented the 500cc P517 for homologation in spring 1936 and it was approved - subject to change. Towards the end of that year they then submitted to the Military Commission for experimentation the 350cc P112, which was much lighter than the P517. It was not approved but its maneuverability in all terrains was underlined.
The main setbacks encountered by the P517 (and also by all of its 500cc competitors) concerned the overheating occuring at very low speeds (as required by the specifications), the inability to climb steep inclines fully laden with rider and all equipment including the submachine gun and ammunition, and finally the near impossibility for one man to lift his loaded machine after a fall in slippery conditions.
On December 4, 1939, Peugeot presented the Army with the P112 TT which remedied all the problems encountered. The TT version had a high/low range giving six speeds and could climb the steepest slopes; moreover, it did so without overheating thanks to fan-cooling into a sheet metal shroud surrounding the cylinder head.
Of considerably reduced weight, it remained manageable by its rider in the event of a fall in the very muddy conditions . In January 1940 the Military Evaluation Commission received the P112 TT unreservedly despite its "non-regulatory" displacement. Alas, this very successful machine arrived too late - Peugeot had insuffient time to tool up for series production before the country was overun by the Nazis in June 1940. Only one P112TT is known to have survived.
Source: Thomas Bersy
Notes. thebebert1er.free.fr states that the Army took delivery of 750 standard P112 machines modified for military service.
French text is from a plaque at the Bicentenaire Peugeot, Paris Rétromobile 2010.